dimanche 9 octobre 2011

Léonard, 4 mois après, ou le bonheur de la vie des lapins en couple

En 4 mois, Léonard a bien changé. A son arrivée, il ne comprenais pas qu'il pouvait avoir de l'espace, qu'il pouvait gambader, qu'il pouvait jouer. Il lui a fallu du temps pour être téméraire et pour oser se lâcher, faire ce qu'il voulait quand il voulait.

Il a toujours aimé les caresses et les câlins, mais avait du mal à se lâcher, à se sentir totalement en confiance avec moi. En général, il se laissait caresser quelques secondes ou une petite minute et s'en allait en courant se cacher, comme s'il avait peur que ça ne dure pas, que je change d'avis. Je fais peut être (sans doute) un peu d'anthropomorphisme, mais je vois maintenant ça comme un manque de confiance en lui. Il avait une crainte de l'humain, même s'il avait envie du contact et qu'il n'ait pas été peureux à proprement parler (il a toujours été extrêmement facile de le "cueillir", il n'a pas de réflexe de défense quand on va l'attraper, ce qui est assez fou car il déteste qu'on le porte !). Par contre avec Niouk il a toujours été extrêmement câlin, à réclamer à longueur de journée (ce qui l'irrite par moments d'ailleurs !)

Cela fait un mois maintenant qu'il est beaucoup plus proche de moi. Il ose venir réclamer des caresses, vient sur le canapé faire des petits bonds à côté de moi, me donne des coups de tête dans la pieds lorsque je suis assise.

Hier soir, j'ai eu droit à cette scène :




J'étais en train de câliner Niouk sur le canapé, comme quasiment tous les soirs. Elle vient me voir ou je la porte, et elle savoure les caresses en craquant des dents pendant une bonne trentaine de minutes au minimum en général.
Hier, au bout de 5 ou 10 minutes, Léonard est venu sur le canapé, et contre toute attente, il s''est mis contre ma cuisse, sous mon bras et contre Niouk. J'ai pu le caresser comme ça pendant 15 minutes (jusqu'à ce que Niouk le trouve trop collant et le chasse ^^'). C'était la première fois qu'il venait clairement pour se faire câliner de cette manière. C'était très émouvant, c'est une grande preuve de confiance et d'affection de sa part.

Cela me permet de rappeler à toutes les personnes qui veulent adopter un lapin ou qui viennent d'en adopter un, que la confiance n'est pas quelque chose d'acquis.
C'est quelque chose qui se gagne, d'autant plus qu'un lapin est un animal de proie qui n'a pas d'intérêt à priori à faire confiance à un grand machin d'environ 1m70 qui marche d'un pas lourd et gagatise avec une voix suraiguë.
Ce n'est pas parce qu'on fournit le gîte, le couvert et les câlins que l'on est forcément estimé et apprécié. Les gens qui ne connaissent pas les lapins (et les animaux en général), pensent qu'un animal est forcément opportuniste et n'apprécie la relation à l'humain qu'en tant que distributeur de nourriture. C'est vrai, si aucune réelle relation n'a été tissée, et celle-ci ne se tisse pas en un jour. Léonard a toujours été à première vue un lapin pas peureux et câlin, mais il manquait quelque chose jusqu'à tout récemment pour qu'il m'accorde son estime.
Pour Niouk, cela a été encore plus long car elle était plus âgée lors de son adoption.

J'en profite aussi pour rappeler à tous que ce n'est pas parce qu'on a deux lapins qu'ils passent forcément leur temps ensemble et ne cherchent pas le contact avec l'humain.
On voit trop souvent sur les forums des personnes qui ne veulent pas prendre de compagnon à leur lapin car ils ont peur de perdre les léchouilles, les câlins, en gros les marques d'affection de leur lapin.
Je leur dis que :

1/ L'adoption d'un animal est quelque chose d'égoiste : on prend un lapin parce qu'on a envie d'avoir un lapin. La moindre des choses c'est de garantir l'épanouissement de l'animal qui nous apporte tant.

2/ Un lapin est un animal social par excellence. Les cas de lapins qui ne cohabitent jamais sont extrêmement rares (si les deux lapins sont stérilisés, de sexe opposé et dans de bonnes conditions de vie, liberté, et forme physique bien entendu). A vrai dire, en 1 ans et demi sur les forums je crois que je n'ai en tête qu'un seul cas de cohabitation mâle - femelle stérilisés en bonne santé qui n'a jamais abouti. Bien sûr il faut savoir que c'est une éventualité, mais cela reste rare.
J'avoue que je bous quand je peux lire ici et là que certains lapins aiment la vie en solitaire. C'est complètement nier la nature même du lapin qui vit en garenne à l'état sauvage.

3/ Un lapin seul est souvent (pas toujours en plus) plus démonstratif qu'un lapin en couple, pas parce qu'il vous voue un culte, mais parce qu'il est frustré. S'il léchouille de manière compulsive, qu'il vous suit dans tous vos déplacements, c'est parce qu'il se sent seul, qu'il passe le temps de votre journée de travail seul, et que quand vous êtes là, vous êtes le seul représentant de sa garenne. Il ne peut exprimer son langage social (toilette, jeux, siestes communes, poursuites) avec un congénère, donc c'est vous qui faites office de congénère. J'ai déjà entendu le témoignage de personnes dont le lapin refusait de manger si sa maîtresse ne mangeait pas en même temps : le moment du repas est sacré pour eux, ils aiment manger accompagnés.
Ce n'est pas quelque chose de sain, c'est l'expression d'un manque.

Mon Manny était très très proche de moi. Pendant 4 ans on a vécu tous les deux. Il était très collant et très affectueux. Pendant 4 ans, je pense l'avoir fait souffrir parce qu'il était seul, parce qu'il lui a toujours manqué de la compagnie. Il n'a été heureux qu'à 4 ans, quand Niouk est venue le rejoindre, mais c'était déjà trop tard, il n'a vécu que 6 mois de bonheur avec elle. Pour Manny, plus jamais je n'aurai un lapin seul.

4/ Ce n'est pas parce que vous avez deux lapins qu'ils vont vivre en vous ignorant. Ce n'est pas parce que votre lapin est plus épanoui et plus équilibré qu'il va vous snober.
Une relation avec un animal, cela se construit. Il m'a fallu 4 mois pour être proche de Léo. Pour Niouk il m'a fallu quasiment 6 mois. J'ai deux lapins qui sont (je pense) équilibrés et épanouis, qui adorent les câlins, et me boudent quand je ne suis pas là pour le câlin du soir.

Quand je suis trop longtemps à mon bureau, dos à elle, Niouk gratte la housse de canapé pour me signifier qu'il est l'heure du câlin. Quand je suis trop absorbée par mon film pour ne pas remarquer les grandes oreilles sur le tapis à mes pieds, j'ai droit à un coup de boule de Léonard (ou un marquage du menton, on ne se refait pas !). L'endroit préféré de Niouk lorsqu'elle n'est pas contre Léonard dans la cabane pour dormir, c'est à mes pieds, au bord de leur tapis de bambou, contre mon bureau. Quand je me lève le matin, les deux rappliquent dans mes jambes. Quand je vais me coucher, Niouk vient souvent contre la grille de ma chambre à me faire des yeux de lapin battu pour me suivre.

Moi de mon côté, je sais que quand je ne suis pas là, ils sont tous les deux. Je sais que je ne nettoie pas les oreilles comme Léonard peut le faire. Je sais que je ne soutiens pas Niouk comme Léonard quand elle part à la chasse au paquet de foin. Je sais que je ne fais pas des courses folles comme Léonard toutes les nuits exactement à 3 heures du matin. Et personnellement, je n'aime pas l'aneth au point d'en manger 10 brins d'affilées et de piquer le 11ème dans la bouche de mon compagnon.

5 commentaires:

  1. Rien à voir mais tu as un joli vernis XD

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  2. J'ai vraiment apprécié ton texte, très complet car il correspond trait pour trait à tout ce que j'ai observé des miens, adoptés tous les deux après deux abandons. La confiance revient chez nous en ce moment : il a fallu deux longues années. Je suis aussi très favorable au couple et je n'en aurai plus jamais un seul. Li-lou

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  3. Pareil pour moi : l'essayer (le couple), c'est l'adopter !

    Par contre, je t'envie de lire cette relation que tu as avec tes lapins.
    Je pense que comme Li-lou, chez moi, ça va prendre encore beaucoup de temps, je me demande même si Ciboulette me fera confiance un jour... en ce qui concerne Grisou, je n'ai rien fait, je n'ai jamais été très câline avec lui, je le laissais tranquille plutôt mais depuis qu'il a une femelle à ses côtés, il est devenu plus proche de moi, enfin, disons qu'il n'hésite pas à me monter dessus lorsque je donne des friandises et il approche sa frimousse de mon visage sans problème pour en réclamer une autre, parfois même ça peut lui arriver de me lécher (mais c'est très très très rare !). Je peux le caresser sur le museau mais j’assimile ça à de la domination (en gros, je suis comme Ciboulette qui lui fait sa toilette...) donc bon, j'appelle pas ça de la confiance et aimer se faire caresser !

    En tout cas, très beau texte, agréable à lire ;)

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  4. Je n'ai pas tout lu mais le passage où Léonard vient réclamer des caresses est très émouvant...
    C'est un des points qui me font tant aimer les lapins, leur confiance doit se gagner et comme tu l'écris, ce sont des animaux qui ont besoin de compagnie et d'un congénère.

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  5. Merci pour vos commentaires =)

    Grisounette : je pense aussi que ce qui aide beaucoup dans notre relation, c'est le fait qu'ils soient en liberté totale, ils viennent me voir quand ils le veulent. Et quand je suis chez moi, je suis tout le temps avec eux, je passe énormément de temps par terre ou sur le canapé (ça a changé ma relation à eux d'avoir un canapé, je suis plus proche que sur une chaise). Je vois vraiment la différence, c'est pas du tout pareil quand je suis chez mes parents et qu'ils sont en enclos dans une pièce à part, je n'arriverais pas à avoir la même relation ;)

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